COMMENT RÉÉDIFIER LA RÉSILIENCE ?
Le récent séisme qui a ébranlé le Maroc le 9 Septembre 2023 ne peut être réduit à une simple secousse tellurique. Alors que le bilan ne cesse de s’alourdir, une myriade de défis émergent, mêlant géographie, géologie, urbanisme, économie, patrimoine, architecture et bien d’autres disciplines. Ce cataclysme a éveillé un débat mouvementé au cœur duquel l’architecture et les architectes sont souvent désignés comme responsables. Les nombreuses vies perdues et les toits arrachés au-dessus des têtes de nos concitoyens ont mis en lumière la fragilité de notre existence et nous ont rappelé l'importance cruciale de l'habitat. Plus qu'une simple série d'événements tragiques, ces crises remettent en question notre façon d'interagir avec notre Terre et de l’habiter.
Architecture, urbanisme et paysage, autant de disciplines qui se sont efforcées de modifier les milieux pour créer des lieux sécurisants et protecteurs, favorisant ainsi le développement de nos sociétés. Cependant, lorsqu'une catastrophe naturelle survient, ces environnements construits se transforment paradoxalement en lieux de risques, perdant alors leur fonction première de protection. En ces temps si particuliers, il est essentiel de reconstruire bien plus que des structures en ruine, il s’agit également de restaurer l'espoir et la confiance dans nos communautés et leur savoir-faire constructif traditionnel. En effet, lorsque l’urgence prévaut, celle-ci implique fréquemment une réduction des temps d’études, de réflexions et de recherches. Certes, l'émulation collective qui lui incombe génère de nombreuses alternatives de reconstruction, mais celles-ci restent bien souvent décontextualisées, teintées d’une naïveté les cantonnant à l’utopie.
Intervenir hâtivement sur un paysage singulier, sans une compréhension fine de sa palette d’habitats et habitus, pourrait à termes, conduire à son extinction et mettre en péril les particularités de ses modalités constructives. C'est dans ce contexte que nous, architectes du Studio Belem, souhaitons inscrire cette table ronde ; elle aspire à ouvrir le champ de la réflexion sur les processus de reconstruction générés par une situation de crise et de les interroger au regard du temps long. Il est impératif de reconnaître que l'urgence ne doit pas compromettre la qualité de la conception architecturale, mais plutôt stimuler la recherche et la réflexion.
Nous croyons fermement que la recherche en architecture doit s'emparer de ces sujets cruciaux pour contribuer à la création d'environnements plus résilients et plus adaptés aux défis que nous réserve l'avenir. Ainsi nous unissons notre voix à celle de la Maison des Doctorants en Architecture afin de rassembler experts, chercheurs, docteurs et professionnels de l'architecture pour explorer ensemble des solutions novatrices et collaboratives afin de façonner un monde plus sûr, plus durable et plus résilient.
Partie 1 : Urgente, temporalité, processus
Isabella TOMASSI : philosophe, doctorante en Géographie
autour du tremblement de terre d’Aquila. (discutante)
Yasmine DAGHER : architecte - Beirut Heritage
(intervenante)
Marie CHERCHELAY : géographe, chercheuse - thèse
reconstruction de Saint-Martin. (intervenante)
Partie 2 : Naviguer l'après-séisme, le défi du temps long
Nadya ROUIZEM LABIED : architecte, chercheuse - auteure de Réinventer
la terre crue. (discutante)
Mamoun KADIRI HASSANI : architecte, spécialiste de l’éco-construction
- association Labina. (intervenant)
Philippe GARNIER : architecte, chercheur - AE&CC, CRATerre, ENSA
de Grenoble, UGA. (intervenant)